Cohabitation avec les autres espèces
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De nombreux propriétaires de rats ont également d'autres animaux. C'est un rêve de beaucoup que de voir différentes espèces cohabiter en harmonie. Mais est-ce possible, est-ce raisonnable ?
Certains des animaux que l’homme a domestiqués depuis très longtemps, comme le chat, le chien ou les chevaux, cohabitent relativement bien entre eux. C’est cette longue domestication qui a rendu cela possible, car la seule chose qui les rapproche, c’est l’homme, justement. Lorsqu’il s’agit de NAC cependant, c’est une autre histoire. En effet, ils sont domestiqués en tant qu’animaux de compagnie depuis beaucoup moins longtemps, pas suffisamment pour que la présence de l’homme leur suffise à accepter facilement d’autres espèces.
Si le rat côtoie l’homme depuis des centaines (voire des milliers) d’années, par le passé et même encore actuellement pour la majeure partie de la population, le rat est considéré comme un animal nuisible, mangeant les récoltes et portant parasites et maladies. Ce n’est que récemment qu’il a gagné le statut de compagnon, parmi un cercle encore restreint d’initiés.
Le rat, proie et prédateur
Dans la nature, la place d’un animal dans la chaîne alimentaire est primordiale quand il s’agit de comportement avec les autres espèces. Les proies, comme les chevaux ou les lapins, vont fuir les prédateurs pour sauver leur vie. C’est leur principale méthode de défense. Le prédateur quant à lui cherche à se nourrir, et même un animal parfaitement domestiqué comme le chat garde un instinct de chasse très fort, même s’il est nourri par l’homme.
Le rat, en tant qu’omnivore, a une place plutôt particulière, puisqu’il est à la fois proie et prédateur. Même si ses besoins en protéines ne s’élèvent qu’à 12% de son alimentation totale, et que, le rat étant un charognard, une partie de ces protéines ne provient pas de la chasse, le rat peut s’attaquer à des insectes, des oiseaux et de petits rongeurs. Dans la nature, il reste toutefois principalement proie pour de nombreux animaux tels que le renard, les oiseaux de proie ou encore le chat.
Avec les prédateurs
Pour ce qui est de nos animaux domestiques, le rat est une proie des chats, des chiens (en particulier des ratiers comme les terriers), des furets et bien sûr de certains serpents, pour lesquels ils servent parfois de nourriture "fournie par l’homme".
Mettre un rat en présence d’un prédateur est bien entendu très risqué pour lui. Même si certaines races de chiens ou de chats ont moins l'instinct de chasse que d'autres, cela reste ancré dans leurs gènes. Un chat qui n'est pas chasseur risque quand même d'envoyer la patte sur un rat, juste par réflexe ou pour jouer. Même s'il ne met pas les griffes, une patte de chat peut assommer un rat et le blesser. On ne parle même pas des chiens dits "ratiers" qui ont été sélectionnés justement pour chasser le rat ! Les furets, quant à eux, sont de purs carnassiers et ont un instinct de chasse extrêmement développé. Il serait tout simplement suicidaire de tenter de les mettre ensemble.
Avec les proies
De l’autre côté, le rat est un prédateur pour les la plupart des autres rongeurs (souris, hamsters, octodons, cochons d'inde, lapins), les petits oiseaux, les insectes et les petits lézards.
Même si le risque qu’un rat chasse l’un de vos autres NAC est moins grand que celui qu’il se fasse attaquer par un prédateur, il reste dangereux de les mettre ensemble. Un accident est très vite arrivé ! Un rat qui attrape un autre rongeur à la gorge va le tuer sur le coup avec ses incisives, vous n'aurez pas le temps d'intervenir. Il faut donc bien sécuriser les cages de vos autres petits animaux pour éviter qu'un rat s'y faufile.
Les problèmes de communication
Outre l’instinct de prédation (qui pousse le chat à l’attaque) et l’instinct de fuite (qui pousse le rat à détaler), un obstacle important à la cohabitation est la difficulté de se comprendre entre les espèces. En effet, si notre longue histoire commune avec le chien nous permet de reconnaître une envie de jouer, qu’en est-il de notre rat ? Ne va-t-il pas interpréter cette attitude comme de l’agressivité, et donc, un danger ?
On voit souvent un chat "perplexe" devant un lapin qui avance par petits bons ; un cheval apeuré par un chiot tout fou qui ne cherche qu’à jouer ; ou un rat qui décidément, ne comprend pas ce que vous attendez de lui. Dans le doute, la plupart des animaux vont adopter une attitude défensive qui peut être de fuir ou même d’attaquer. Seuls la familiarisation et votre intervention peuvent aider des animaux d’espèce différentes à mieux se comprendre.
La familiarisation
Vous-même avez probablement dû en passer par là pour nouer une relation intime avec votre rat. Rappelez-vous vos débuts de ratouphile. Vous avez dû apprendre à connaître le rat, à le comprendre, à vous en occuper. Lui aussi a dû apprendre à vous connaître en tant qu’espèce (soit avec vous, soit dans sa première famille). A tel point que le rat aura confiance en vous quand vous voudrez le soulever, ne mordra pas quand vous lui donnerez du yaourt sur le bout de votre doigt ou encore vous suivra dans vos déplacements.
Ce processus s’appelle la familiarisation, et nécessite du temps ainsi que des rencontres répétées. Il en va de même entre votre rat et les autres animaux à qui vous voulez le présenter, chat, chien ou autre. La familiarisation permet de diminuer les instincts en amenant plus de compréhension et de confiance.
L’imprégnation
On appelle imprégnation (ou empreinte) la mise en place définitive d'un lien entre un déclencheur extérieur et un comportement instinctif. Ces liens se forment lorsque l’animal est mis en contact avec une autre espèce dans les premiers instants de sa vie, c’est-à-dire juste après la naissance. Le processus neurobiologique principal de ce phénomène se situe dans l'hyperstriatum, une structure du cerveau des oiseaux. C’est l’un des fondateurs de l’éthologie, Konrad Lorenz, qui dans les années 1930 a fait cette découverte en devenant la "mère" d’une oie cendrée qui venait d’éclore. Cependant, l’hyperstriatum n’existe pas chez les mammifères.
Si on ne peut donc pas parler de réelle imprégnation chez nos mammifères de compagnie, un bébé qui sera en contact avec l’homme dès la naissance va toutefois développer un lien très fort celui-ci. C’est ainsi qu’on voit parfois une mère adopter un petit d’une autre espèce et l’élever comme le sien.
Attention, NE MANIPULEZ JAMAIS un raton juste après la naissance, car alors la mère ne le reconnaîtra plus et refusera de s’en occuper ! Le raton aura très peu de chances de survie. Ce n’est que dans le cas extrême d’un raton abandonné que vous devrez prendre le rôle de mère (voir l’article "Comment biberonner un raton" du Ratzine N°2).
Fiche pratique pour la cohabitation : mettez toutes les chances de votre côté
Il y a plusieurs règles à connaître pour augmenter vos chances de réussir une cohabitation entre vos rats et une autre espèce animale. Gardez toujours à l’esprit qu’une démarche dans ce sens peut aboutir à des blessures graves voire la mort d’un animal. Appliquez donc toujours les règles de base de sécurité et de prudence. Sachez aussi que parfois, l’entente entre deux animaux est impossible. Il faut alors savoir renoncer, pour le bien-être et la sécurité de tous.
Nouvel arrivant : laissez-lui du temps
Un animal nouvellement arrivé doit avoir le temps de s’habituer à son nouvel environnement avant tout. Il ne faut donc pas essayer de le présenter les premiers jours aux autres habitants de la maison. Laissez-lui le temps de prendre confiance et également de vous connaître. L’odeur de vos autres animaux est de toute façon présente, c’est déjà un premier pas vers la familiarisation. Lorsque vous pouvez manipuler votre rat avec confiance et qu’il se sent à l’aise dans votre maison (il ne passe pas son temps terré ou à sursauter au moindre bruit), alors vous pouvez passer à l’étape suivante.
Premier contact : sécurité avant tout
Les premières rencontres sont les plus dangereuses. Il faut donc maximiser la sécurité. Avec les prédateurs (chats, chiens, furets), laissez vos rats en cage. Cela permettra tout d’abord à votre autre animal de s’habituer à la présence de la cage et de regarder les rats en toute sécurité. Restez près de la cage, au cas où votre animal montrerait trop de curiosité. Il peut arriver qu’il se fasse mordre (à la truffe, aux coussinets) à travers les barreaux. Faites-lui tout de suite comprendre qu’il ne doit pas toucher la cage. Plus votre chat ou votre chien sera obéissant, plus vous diminuerez les risques. Il doit pouvoir comprendre quand vous lui dites "non" ou revenir vers vous quand vous l’appelez. Du côté de vos rats, ils se sentiront protégés par la cage et pourront eux aussi prendre le temps d’observer l’autre animal. Assurez-vous qu’aucun animal ne puisse ouvrir la cage, ni de l’intérieur, ni de l’extérieur !
Avec les proies (souris, hamsters, lapins, etc.), laissez tout le monde en cage dans un premier temps. Puis vous pouvez les laissez sortir en alternance, à certaines conditions. Assurez-vous qu’aucun animal ne puisse se faufiler dans la cage d’un autre. Tenez compte de la taille de chacun par rapport aux espacements des barreaux (par exemple, un petit rat peut facilement passer dans une cage à lapin) ainsi que de leur intelligence (un rat ou un furet pourra déjouer un système de fermeture trop basique). Méfiez-vous également des coups de griffes et des morsures si les barreaux sont trop larges. Si vous avez le moindre doute, placer les cages hors d’accès des prédateurs, soit en hauteur (attention, les rats sont d’excellents grimpeurs), soit dans une autre pièce.
Observez bien le comportement des uns et des autres, c’est primordial pour la suite des présentations. Plus vous connaîtrez les réactions des uns et des autres, mieux vous serez aptes à intervenir judicieusement. Lorsque les deux parties vaqueront à leurs occupations normalement en se côtoyant ainsi, vous pourrez passer à l’étape suivante.
Présentations : prudence, toujours
A ce stade, il y a déjà des décisions à prendre. Tout d’abord, renoncez à faire des présentations pour certaines espèces : les furets, en raison du danger qu’ils représentent pour vos rats, ainsi que les petits rongeurs (souris, hamsters, octodons, etc.), les oiseaux et les reptiles. Aucune de ces espèces n’est assez domestiquée pour que vous puissiez contrôler vos animaux en cas de dérapage. La différence de taille et de moyens de défense et d’attaque (griffes et dents mais aussi vitesse) est trop grande pour que vous puissiez intervenir si l’un d’eux se jette sur sa proie. Il risque d’y avoir un mort avant que vous puissiez faire quoi que ce soit. Avec les autres, tout dépend des comportements observés autour de la cage. La plupart des rats vont avoir peur des prédateurs de la maison, même si on voit des exceptions.
Les chats : ils vont soit montrer de la curiosité, soit vouloir jouer voire attaquer, soit les ignorer, soit montrer de la peur. Tout dépend du caractère, de la race et du mode de vie de votre chat. Ainsi un rat craintif peut-il être en alerte au moindre bruit et mouvement dans la cage. Un rat qui chasse beaucoup en extérieur sera forcément plus dangereux pour vos rats. Mais attention, même un rat qui ne chasse pas garde l’envie de jouer. L’âge compte aussi. Un chaton va présenter plus de risques qu’un chat âgé, plus assagi. Gardez toujours à l’esprit que des réflexes instinctifs peuvent ressurgir même chez un chat placide, même chez un chat âgé. Un simple coup de patte sans les griffes peut assommer un rat. Un chat craintif va feuler, fuir, mais peut aussi envoyer la patte pour se défendre.
Les chiens : là aussi, tout dépend du caractère du chien. La race est particulièrement importante puisqu’elle détermine quels traits de caractère ont privilégiés. Les chiens ratiers par exemple ont été sélectionnés pour débusquer les petits animaux comme les lapins et… les rats. Chez eux, l’instinct de chasse est très fort. Certains chiens ont ainsi été sélectionnés pour défendre un territoire ou un troupeau (les chiens de garde, les bouviers, les chiens de berger), d’autres ont pour le combat (les bulls) ou pour la compagnie. Au-delà de la race, l’éducation du chien et son propre caractère sont aussi très importants. Tenez également compte de la taille du chien, et de votre capacité à le maîtriser.
La présentation : si vous jugez que votre animal est suffisamment calme, domestiqué et obéissant, vous pouvez tenter une première présentation. Tenez le prédateur par terre ou sur un lit, avec votre rat à bonne distance. Vous pouvez lui mettre un harnais pour plus de sécurité. Il faut que le rat puisse fuir et se cacher s’il en éprouve le besoin. Observez très attentivement les réactions de chacun. Si l’un des deux montre de la peur, n’insistez pas. Il va falloir plus de temps. Si le rat est téméraire et vient renifler le chat (ou le chien), vous pouvez le laisser faire à condition d’être capable d’empêcher votre chat (ou votre chien) de mordre ou de griffer. Au moindre doute, éloignez-les. Vous serez toujours surpris par la rapidité ou l’agilité de vos animaux. Ne lâchez le prédateur sous aucun prétexte.
Cohabitation : sous surveillance uniquement
Si plusieurs présentations sous contrôle se passent bien, vous pouvez songer à laisser vos animaux libres de leurs mouvements. Les premières fois, surveillez de près et restez prêt à intervenir. Même si tout se passe en harmonie et depuis longtemps, ne laisser jamais vos animaux sans surveillance. Lorsque vous n’êtes plus dans la pièce, les rats doivent être en cage ou l’autre animal hors de la pièce.
Quelques exemples de cohabitations, plus ou moins réussies
Histoires de chats
Tisha est une chatte née dehors, et qui n’a jamais cohabité avec d’autres animaux, sauf ponctuellement avec d’autres chats (qu’elle a toujours mal tolérés) et un lapin nain (dont elle avait peur). A 7 ans, elle a vu des rats emménager chez elle. Au début, elle en avait très peur. Le moindre bruit dans la cage la faisait sursauter. Puis elle s’est habituée à la cage. A la première présentation, crainte et curiosité étaient mêlés. La crainte prenant le dessus. Depuis elle s’est bien familiarisée avec les rats et les tolère autour d’elle en sortie. Elle fuit toutefois toujours devant Moone, la seule de mes rates n’ayant pas peur d’elle. Lorsque Moone court vers elle par curiosité, Tisha bat en retraite. Cependant, un jour, elle a "assommé" Muffin avec sa patte (sans les griffes), car en s’approchant d’elle sur le lit il lui a fait peur. Pelote quant à lui, vieux chat de 15 ans arrivé peu de temps avant les rats, les ignore la plupart du temps. En général, il ne les voit pas et ne les entend pas (l’âge…) mais un jour lui aussi a lancé sa patte sur un des rats. C’était par pur réflexe, car il a de l’arthrose aux pattes qui rend ce genre de mouvement douloureux pour lui. Ni Tisha ni Pelote ne sont jamais laissés sans surveillance avec les rats.
Eclair est un jeune chat norvégien ; bien que cette race soit particulièrement orientée vers la chasse (on pense qu’elle remonte au temps des vikings, où ils étaient élevés pour défendre les réserves de grain contre les rongeurs), Eclair n’attaque pas ses amis rongeurs (il vit avec des rats mais également des lapins, un furet, un hamster et un cochon d’inde). Nalla en particulier, rate de 7 mois environ, s’échappe parfois pour jouer avec lui. Ils se courent dessus, s'attrapent, se léchouillent, se toilettent tout en courant de partout. Puis quand ils sont bien fatigués ils s'endorment ensemble.
Eclair a également rencontré de près Murmur qui est un raton bien plus jeune (environ 3 mois) et qui est très curieux. Il a tendance à lui courir dessus alors qu'Eclair est couché, ce qui rend le chat un peu plus hésitant. Zapan, le copain de Murmur, "explore le chat" mais s’en désintéresse vite, l'environnement l'intéresse davantage.
Sujet: Cohabitation avec les autres espèces 
Mer 9 Déc - 12:01
